L'histoire des cépages (4) : une star capricieuse, le Mourvèdre

Le mourvèdre transmet au vin des arômes d’épices, de fruits noirs assez matures et il faut faire attention en dégustation à l'aveugle à ne pas le confondre avec le cabernet sauvignon. Les explications de Philippe Maurange.

Caractéristiques principales du mourvèdre
Le mourvèdre est un cépage qui produit des vins rouges, qui demande beaucoup d’ensoleillement pour mûrir. Ce cépage transmet au vin essentiellement des arômes d’épices, de fruits noirs assez matures qui sont liés aux caractéristiques de la recherche de maturité assez poussée. Dans des maturités très poussées on peut trouver des arômes de pruneaux, voire un peu compotés et confits. Si les raisins ont été cueillis à une maturité juste, on va être davantage sur des fruits rouges et des notes d’épices.

Sa feuille est bien reconnaissable, avec un dos d'un vert presque blanc...

Zones de production du mourvèdre
En France, c’est le terroir méditerranéen qui convient le mieux au mourvèdre. On le trouve aussi dans le Languedoc, où il a été planté depuis une vingtaine d’années en complément de la syrah et du grenache.

Sa meilleure expression
Le mourvèdre s’exprime pleinement à Bandol, une appellation de vins rouges de Provence. On dit du mourvèdre qu’il a besoin de voir la mer.
 

À l’étranger
On trouve le mourvèdre en Espagne, il faut savoir que c’est le 2ème cépage le plus planté dans ce pays. Notons qu’il ne s’appelle pas là-bas mourvèdre, mais monastrell. Depuis quelques années, en Australie, le mourvèdre a reconquis le vignoble et il devient un cépage majeur. Les goûts sont différents, car les latitudes ne sont pas les mêmes et l'élevage et la vinification varient. Alors que le goût du raisin en lui-même est assez identique à celui qu’on pourrait trouver en France.

Le travail de la vigne autour des pieds par le club ados ( avril 2018)

La vigne des enfants de La Palme a son rang(40 pieds) de mourvèdre.

Les caprices d’une star

Ce bougre malgré son statut d’aujourd’hui, a pourtant bien des défauts. Alors qu’il était omniprésent sur une bonne partie du pourtour méditerranéen, la crise du phylloxera lui fut un temps fatale. On ne le replanta pas, essentiellement pour trois raisons : maturité trop tardive, mauvais rendement, et surtout rendement irrégulier. Il faut savoir qu’avec lui, la quantité de raisin peut varier du simple au triple d’une année à l’autre. S’il est capricieux, c’est aussi un grand sensible à pratiquement toutes les maladies majeures de la viticulture sauf la pourriture grise dont il est protégé par sa pellicule épaisse. Enfin, comment appréhender avec lui le moment propice des vendanges, quand cette pellicule fait obstacle par son épaisseur à toute information sur sa maturité. Pour conclure, ajoutons qu’il est intraitable sur des terroirs qui ne lui conviennent pas. Mais à Bandol, c’est le paradis ! Il rencontre là, son terroir de prédilection et le climat idéal qui lui permettent d’éviter au maximum les maladies tout en pouvant atteindre la maturité optimale en fin de saison. Deux atouts à cette réussite : un sol très pauvre, et la sècheresse estivale !

Assemblage
Le mourvèdre peut-être assemblé avec du cinsault, un peu de grenache. À Châteauneuf-du-Pape on l’assemble avec la counoise par exemple, un cépage un peu plus rare. Le mourvèdre est un cépage très structurant, avec beaucoup de tanins, et qui se suffit à lui-même, particulièrement à Bandol. On retrouve aussi des assemblages à base de syrah, qui ressemblent à ce que l’on peut trouver dans la Vallée du Rhône sud. Il est aussi dans le Fitou..

(Source : La revue du vin)